Ayla possède un caractère considéré comme problématique au sein de la société dans laquelle elle vit. Surtout par les hommes. Tout d'abord, elle sait se battre mieux que beaucoup et ne rechigne jamais aux tâches dangereuses, se porte même volontaire pour les combats ou autres missions dangereuses. Elle a toutefois appris à utiliser cette qualité de manière intelligente et raisonnable. Elle se méfie des situations inconnues, qui paraissent trop favorables et des inconnus. Il lui faut du temps avant de pouvoir accorder sa confiance, possédant une vision de l'existence très cynique qui transparait dans ses paroles et ses actes. De plus, elle est très franche et directe, ne sachant ni faire dans la dentelle, ni vraiment agir avec diplomatie. Il est important pour elle d'obtenir ce qu'elle veut et que les autres sachent ce qu'elle pense. Point. C'est une vraie tête de mule qui va toujours au bout de ses idées, même les plus mauvaises. Cela l'a ammenée à apprendre de ses erreurs mais n'a pas entamé sa confiance en elle et il n'existe pas un être vivant à qui elle n'ose tenir tête.

Décrivez en 10 lignes minimum l'histoire de votre personnage. Parlez-y de son enfance, d'où il vient, ce qui l'a éventuellement amené aux alentours du duché d'Eaglesham. Surtout, n'oubliez pas d'y faire mention de votre position par rapport à la grande chasse aux monstres.

Ayla naquit à l'aube de l'hiver, au nord des Highlands non loin du Loch Shin. Elle est l'ainée d'une fratrie de dix enfants, dont seuls sept vécurent jusqu'au massacre de leur clan. Deux ans et une fausse couche après elle vinrent au monde les jumelles Kayley et Alana, suivie moins d'un an plus tard par Calum, lui-même aîné de trois ans de Lachlan et de quatre de Duncan. Deux autres soeurs suivirent, chacune espace d'un an et demi, Kennocha dite Kenni et Liv. Il y eut ensuite une pause de quatre ans et vint la petite dernière, Laoghaire. Leurs parents étaient des paysans aux revenus incertains mais faisaient heureusement partie d'un clan assez soudé où la solidarité était un des mots d'ordre, tant que chacun travaillait dur.
Que cela fut inné ou imposé à elle par sa qualité d'aînée de de fille, Ayla a toujours ressenti le besoin de protéger les enfants et apprécie leur compagnie. Elle s'est toujours sentie responsable de ses frères et soeurs, tant de leur sécurité et de leur santé que de leur éducation. Eux aussi devaient apprendre à se débrouiller dans l'existence.
Leurs parents travaillaient dur et n'avaient que peu de temps à leur consacrer, non pas par manque d'affection mais par nécéssité de survivre. Les rares moments d'affection et de joie dans l'année se comptaient sur les doigts d'une main, durant les fêtes de villages ou certaines veillées auprès du feu. Ces moments comptent parmi les meilleurs souvenirs d'Ayla. Les fêtes des moissons à courir dans les champs, se bourrer le ventre de pommes et de baies, les âtres crépitants et les histoires des anciens qui faisaient rêver, s'évader de la misère, des mains dans la boue et des maladies qui rongent.

Malgré son affinité avec les plus jeunes qui la poussait vers un mariage dès la puberté et à une vie de mère et femme au foyer, Ayla fit toujours tout son possible pour échapper à cette destinée. Elle voulait aussi vivre pour elle-même et trouvait les activités des hommes souvent bien plus intéressantes que celles des femmes. Même si elle possédait un énorme respect pour sa mère et appréciait de cuisiner avec elle, elle aimait beaucoup construire et réparer, c'est pourquoi elle suivait toujours son père, ses frères, son oncle et ses cousins pour aller chercher du bois, construire des outils, aider à solidifier une maison ou une étable...

Plus Ayla vieillit, plus ce genre d'attitude lui valut des soupirs et autres regards pleins de jugement de la part de certaines personnes, plus elle acquit le respect des autres. Son père ralait toujours, pour la forme, sur le fait qu'elle devrait, au choix, se concentrer sur les tâches ménagères, songer à trouver un trouver un mari, faire plus attention à son apparence... Mais au fond, il avait accepté depuis bien longtemps le choix de son aînée et se réjouissait de la force de travail qu'elle représentait. Ce qu'elle préférait, c'était le travail du cuir et du métal, elle serait entrée en apprentissage chez un forgeron ou un sellier si elle avait été de sexe masculin, mais ce privilège devait revenir à Duncan. Calum savait depuis le début qu'il serait le prochain patriarche de la famille et se passionnait pour l'élevage de bétail. Lachlan rêvait de devenir un guerrier et n'avait pas la patience pour les travaux précis.

Ce fut Liv qui partit la première. L'année des treize ans d'Ayla, l'hiver fut très rude, le vent coupait les visages et la neige était dure, persistante. Il y avait peu à manger et la maladie qui emporta la petite d'à peine trois ans n'avait pas de nom, du moins pas un connu de la famille ou du clan. Pas un guérisseur n'avait pu se déplacer, Fenella, leur mère, caressa le visage amaigri de sa fille jusqu'à ce qu'ils soit aussi glacé que l'air à l'extérieur.

Ce fut également la première déchirure que connut l'adolescente. Les jours suivants, elle se sentit vide, se demanda comment le monde pouvait lui sembler aussi dénué de tout intérêt maintenant, alors qu'elle avait passé la majorité de sa vie sans Liv. Pourquoi lui semblait-il à présent qu'elle ne pourrait pas continuer sans elle ?
Les quelques jours de laisser-aller et les pensées vagabondes furent interrompues par son père. De colère, de frustration, de tristesse, il la gifla violemment d'avoir oublié de maintenir une planche alors qu'il plantait un clou. Ayla ne pleura pas, ne cria pas, comprit simplement un peu plus de quoi était faite la réalité et se remit au travail. Elle se concentra sur les membres restants de la fratire. Elle était souvent rejetée par Calum, le plus influencé de ses frères par les hommes qui la trouvaient dérangeante. Il lui arriva de se moquer d'elle, surtout en entrant dans l'adolescence. Malgré tout, l'amour qui les liait était toujours présent. Il en était de même pour Kenni qui était globalement une petite peste qui faisait des crasses à tout le monde et arrivait toujours à rejeter la faute sur ses frères et soeurs. Lachlan était un petit garçon rêveur et qui aurait aimé être un prince plutôt qu'un paysan. Kayley et Duncan étaient les membres de la fratrie avec lesquels elle s'entendait le mieux. Avec Kay, l'écart d'âge était faible et elles avaient toujours fait les quatre cent coups ensemble. Duncan partageait son goût pour l'artisanat, les chevaux et la liberté. Alana était aussi très proche d'elle, mais c'était sans comparaison possible avec la relation fusionnelle qu'elle entretenait avec Kayley et elle avait toujours été un peu en retrait, discrète, la parfaite future épouse.

Lachlan mourut d'une infection à la jambe, mordu par un chien de chasse du seigneur voisin, alors qu'il relevait des collets dans la forêt. Deuxième déchirure.

Enfin, la petite Laoghaire succomba à une fièvre, quelques mois après sa naissance. Troisième déchirure.

Peu de temps après survint la quatrième. La paix avec les clans voisins se maintenant en général par l'échange de marchandise et femmes, autrement dit, par des mariages arrangés. A cause des mauvaises récoltes, les dotes devenaient plus faibles, les échanges plus rares, des tensions se formèrent. L'événement qui fit exploser le conflit fut la découverte de la future épouse du fils du chef du clan voisin, elle-même fille de notable au sein du clan d'Ayla, en train de fricoter avec un autre homme, quelques jours avant les noces. Jamais Ay ne ressentit plus de colère et de mépris pour l'institution du mariage qu'en comprenant que cela avait causé la destruction de son monde.

Car quelques jours plus tard, le clan voisin organisa un raid sur leurs villages.

Encore aujourd'hui, Ayla ne peut décrire que difficilement ce qu'elle a alors vu, entendu et ressenti. Elle se souvient des corps en charpie, trop rouges, trop roses, des femmes tétanisées au point de ne pas réagir alors qu'elles se faisaient violer, des cris de désespoir, de rage, les parents qui cachaient leurs enfants. Le crâne de son père fracassé, sa mère égorgée, ses frères tombant sous des coups de lance, Kayley se rompant le cou en essayant de s'enfuir, Alana disparue, emportée, sûrement violée, peut-être tuée ? Elle ne la revit jamais. Kenni s'enfuyant au loin, vers la forêt, où elle mourrait peut-être de faim si elle n'était pas rattrapée.
Elle avait voulu suivre sa petite soeur, sauver ce qui restait à sauver mais c'était trop tard, le clan était une pile de cadavres et une dizaine de jeunes femmes et adolescentes comme elle étaient entassées dans de chariots, ferrées, ligotées. Ayla avait quartoze ans et faisait partie des plus jeunes. Tout à coup, elle n'avait plus eu la force de se battre, assomée, terminée par la violence qui s'était abattue tout à coup sur elle. Ni les hivers les plus mordants, ni la sensation de faim ou d'épuisement la plus tenace n'aurait pu la préparer à ce qu'elle venait de vivre. C'était la fin de tout. Elle s'engouffrait dans un trou noir.

C'est réellement ainsi qu'elle pense à la suite des événements. L'horreur brute qu'elle venait de vivre laissa la place à des ténèbres différentes encore. Elle était devenue une esclave. Elle appartenait à une famille importante du clan rival, un homme et ses cinq fils. Elle appris jusqu'où on pouvait mépriser un autre être humain. Il n'est pas utile de citer tous les sévices subi par Ayla. Pour survivre à sa condition, elle développa la capacité à bloquer les émotions, à se concentrer sur le seul objectif qui lui semblait valable : partir d'ici. Oublier sa réalité physique et construire des plans mentaux, s'échapper de son corps qui changeait et lui semblait de plus en plus encombrant pour se projeter jusqu'au jour où les conditions seraient réunies pour partir. Canaliser la haine qui grossissait de jour en jour dans son ventre pour ne pas se mettre en danger et se féliciter jour après jour d'avoir survécu.

Le cloisonnement de son mental à l'élaboration d'un plan pour s'évader la mena à bien observer ses nouveaux maitres. Au bout de quelques années, il fut clair pour elle qu'une de  leurs plus grandes faiblesses était l'alcool, surtout lors des banquets qu'il leur arrivait régulièrement d'organiser. Ayla venait d'avoir vingt et un ans lorsque les conditions furent réunies. Un repas très arrosé, un accès aux stocks de boisson, peu de vigilance. La jeune femme avait réussi à rassembler assez de baies sédatives pour empoisonner la bière et ses maitres furent rapidement endormis au même titre que leurs invités. Peut-être que l'un d'eux succomba à l'alcool chargé de cette drogue naturelle, elle ne le sut jamais. Elle rassembla quelques vivres, vola des vêtements confortable ainsi qu'une dague et un cheval et s'enfuit.

Les premiers jours, elle ne fit presque aucune pause afin de ne pas être rattrapée. Elle savait qu'il lui fallait gagner du temps. Elle n'avait pas assez de valeur pour qu'on la recherche plus d'une ou deux semaines. Les moyens déployés ne seraient pas trop importants non plus. Elle s'épuisa donc sur les routes, mangea peu, se serait moins arrêtée si ce n'était pour le cheval noir volé qui était désormais son bien le plus précieux avec son arme. Ce furent des moments heureux. Elle était enfin seule, libre, ne voyait que des arbres, des champs, des animaux de la forêt. Elle aurait aimé pouvoir survivre longtemps comme ça, mais l'hiver approchait.

Un soir elle apperçut une troupe de voyageurs autour d'un feu de camp et décida de leur voler des vivres. Affamée, elle oublia de réfléchir avant d'agir et réalisa trop tard que sa cible était composée de toutes sortes de voleurs et de brigands de grand chemin faisant une halte après avoir mis à sac la demeure d'un duc. Le groupe rit énormément de la gamine qui avait cru pouvoir les voler et refusait de sortir un seul mot de sa bouche. Ils la firent prisonnière, pensant la revendre comme esclave, mais l'énergie qu'elle mit à tenter de se défaire de ces liens et d'échapper à ce sort convaint Logan, un des membres du groupe, de la prendre sous leur aile. Il s'en porterait garant, dit-il.

Dès lors, Ayla n'eut plus qu'un objectif en tête : devenir la meilleure guerrière et voleuse possible, ne pas décevoir Logan, mériter sa place au sein de la guilde des voleurs. Elle allait enfin pouvoir avoir un but, une utilité, quelque chose qui la rendrait libre et égale aux hommes. Pendant les sept années qui suivirent, elle travailla d'arrache-pied, acceptant toutes les basses tâches et missions qui se présentaient à la guilde, suivait Logan comme son ombre. Au bout de quelques mois, elle était déjà meilleure que tous les autres apprentis. Il se passa deux ans avant qu'elle soit considérée comme recrue à part entière et cinq de plus pour acquérir le respect de la plupart de ses confrères. Durant sept ans, elle ne prononça pas un mot. Elle se tenait à l'écart des relations trop intimes, n'en voyant pas l'utilité, mais le temps passant, elle s'ouvrir à d'autres membres de la guilde, retrouvant dans la multitude de gens le sentiment d'être de nouveau dans une fratrie, à la fois utile et en sécurité. Logan, de quinze ans son aîné, devint son ami le plus proche et ce fut au début seule relation qui importait . Le premier mot qu'elle prononça après ses longues années de silence lui fut adressé.

"Merci"

Il venait de lui sauver la mise lors d'une échauffourée délicate.

En prenant de l'âge, Ayla commença à se fatiguer des raids importants, de perpétrer une certaine forme de violence qu'elle haïssait au fond d'elle. Elle se sentait assez bien au sein de la guilde pour faire savoir qu'elle aspirait à autre chose et, lentement, elle glissa vers un rôle de recruteuse qu'elle occupe toujours aujourd'hui. Elle participe à quelques opérations de vols et autres menus larcins de temps à autre, surtout s'il y a des esclaves à libérer à la clé mais passe le plus clair de son temps dans les rues à guetter les gamins afin de déceler leur potentiel. Elle sortit ainsi plusieurs gamins et gamines de la misère ou de la prostitution.
C'est ainsi que son regard se porta sur une tignasse rousse et des mots habiles, aussi vifs que la pointe d'un couteau. Elle avait rarement vu un gosse -ou un adulte d'ailleurs- aussi doué pour la parlotte. Son contraire, en quelque sorte.

Elle l'observa pendant des mois, au fond d'elle-même déjà convaincue que ce pré-adolescent valait la peine d'être recrutée, mais se contraignant d'elle-même à attendre, obtenir plus d'informations pour prendre une décision.
L'occasion d'agir finit par se présenter d'elle-même.
Comme il peut arriver à tout le monde d'avoir des mauvais jours, il arriva un jour que le petit rouquin n'arrive pas à s'en sortir via ses palabres habituelles et il semblait que la justice allait pouvoir le rattraper.

Ayla sortit alors de l'ombre et improvisa quelques phrases pour sortir le gosse de sa panade. Sans demander son reste, elle l'entraina à travers la foule qui avait fini par s'amasser autour de la scène de l'altercation.
Contre toute attente, arrivés chez elle, le gamin sembla comme perdre la raison, en proie à des hallucinations, certainement, peut-être le choc, avait-elle alors pensé. Ou alors une fièvre quelconque.
La peur au ventre de déjà le perdre, elle resta à son chevet et s'occupa de lui. Il ne tarda pas trop à reprendre connaissance. Il y eut quelque chose de jouissif à le voir réagir à tant de confort et de luxe. Se réveiller dans un endroit chaleureux et comprendre que l'on prend soin de vous. Elle ne pouvait que trop bien imaginer ce que cela pouvait faire. Elle offrait à l'enfant ce qu'elle aurait rêvé d'avoir.
Il était également surpris de découvrir qu'elle était une femme et il était méfiant. Cela jouait en sa faveur, Ayla comprit parfaitement sa réaction et tâcha de se montrer simplement douce, aimable et prévenante. Peu à peu, ils bâtirent une relation de confiance et l'enfant se remettait de ses années passées dans les rues. La jeune femme, elle s'imprégnait de sa personnalité et de son mode de fonctionnement. Il était agréable d'apprendre à le connaitre autrement qu'en l'espionnant. Ils vécurent ainsi pendant plusieurs mois avant qu'elle ne se décide à lui révéler les plans qu'elle avait pour lui. Elle fut ravie qu'il ne se formalise pas de ses méthodes et n'hésite pas une seconde avant d'accepter sa proposition.

Ayla ramena donc le petit au QG de la guilde, à Eaglesham, situé dans l'arrière-boutique d'une friperie. Elle le présenta à sa famille d'adoption, espérant que cette bande d'hommes et de femmes tous doués pour le larcin et ayant des vécus bigarrés le rendent aussi heureux et entier qu'elle.

Fearghas (car tel était son nom à présent) grandit et devint avec Logan la personne la plus proche d'elle, lui rappelant sa fratrie d'antan plus intensément encore qu'avec les autres membres de la guilde. Elle soutient le jeune homme dans ses différentes activités et est toujours là pour le protéger. Si elle devait parler franchement, elle dirait qu'il est sa raison de vivre.

C'est sans oublier évidemment sa famille, la guilde, donc, qu'elle protège en repérant les potentiels ennemis sur leur territoire ainsi que Logan, son propre mentor.